Chirac :Le crépuscule du fauve...

Publié le par Vincent GAREL

 

 Ainsi donc, pour la première fois, sous nos yeux, se dessine avec émotion la fin « volontaire » d’une bête politique. Cette spécificité française, qui montre au Monde toujours les mêmes visages, prend-t-elle fin aujourd’hui ? Après quarante années de vie publique, le président de la République a décidé de ne pas solliciter un nouveau mandat.  

 

Il n’avait certes que peu le choix. Les sondages ne lui sont pas favorables, la perte du Référendum de 2005 et l’impopularité de son gouvernement ne prêtait guère à l'optimisme. Mais, les grand fauves de la politique ne s’arrêtent pas toujours à cela, et on le sait depuis longtemps Chirac n’est jamais aussi persuasif que lorsqu’il est au plus mal et que débute une campagne. Souvenez-vous de 1995… L’âge bien sûr, et la montée d’une nouvelle génération de quinquas (Royal, Bayrou, Sarkozy) ont quand même fortement « daté » son style de Présidence.  

 

Mais il faut reconnaître à Jacques Chirac, une élégance et un courage à prendre cette décision. Nombreux sont les Français, sans le souhaiter, qui considéraient qu’il pourrait encore sortir les griffes durant cette campagne… Il n’a d’ailleurs pas encore dit son dernier mot.  

 

Je n’ai voté Chirac qu’une fois, comme 83 % des Français en 2002. Et en entendant le Président le 10 mars, j’étais presque fier de l’avoir fait, parce qu’il a su trouver les mots justes. Peut-être pour une fois les mots du cœur, ceux qui créent un sentiment, une émotion par delà les clivages. C’était un beau rappel des valeurs de l’Universalisme Français, de la force de l’esprit Républicain, et de la beauté des combats de la France. Dans un style et un vocabulaire qu’on aurait pu croire hérité de la gauche, il a rappelé avec sincérité ces principes.  

 

Et ce dernier discours, résume sans doute bien le personnage. En l’écoutant je pensais à la théorie d’Alain MINC qui explique que Chirac fût presque 30 ans durant le leader d’une droite avec qui il partageait finalement peu de chose. Jamais pourtant il ne tendit la main pour réconcilier la France, même en 2002 où les circonstances exceptionnelles le permettaient peut-être, et il fût toujours jusqu’en 1995 un de ceux qui la divisait le mieux.  

 

Quand j’ai évoqué la tonalité du présent article avec quelques amis, ils m’ont reproché le manque d’agressivité envers le Président. Bien sûr son bilan est défavorable, bien sûr il a bien défendu des textes ou des projets que nous avons combattus…mais aujourd’hui, et pour quelques jours, ne pourrions nous pas observer un temps de « décence républicaine ». Laissons le vieux soldat finir son combat. Jusqu’au moment où il reprendra position sur le champ politique. Hier soir je n’ai pas entendu le soutient d’un tel ou un tel, mais le Président de la République Française. Nous tirerons nos boulets plus tard, et sur d’autres cibles plus actuelles.

 A propos de soutient, ce discours, ces principes, ces observations et ces craintes, ressemblaient tout de même assez peu aux propos, aux actes et à la personnalité du candidat UMP. Me risquerais-je à une hypothèse incongrue ? Le soutiendra-t-il franchement ? Peut être ne choisira-t-il pas vraiment ? Ou même encore peut-être en choisira-t-il un autre ?

 Car les grands fauves parfois, dévorent leur propre progéniture, et laissent grandir celles des autres clans...

 

Publié dans DEBATS

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