Vive le Poulet !

Publié le par Vincent GAREL

 

Je l’ai déjà évoqué à plusieurs reprises dans divers textes sur des sujets différents, notre monde ultra médiatisé ne permet plus de façon raisonnée et sérieuse de poser et de discuter les problèmes.

Deux situations récentes sont encore venues malheureusement confirmer cette constatation.  

 

D’abord, la scandaleuse retransmission tronquée de l’audition du juge Burgaud dans le cadre de la commission d’enquête parlementaire. Que les médias ce soient intéressés à l’ensemble des travaux de cette commission et personne n’aurait trouvé à redire. Mais à ce point tronquer les débats, commenter, extrapoler les propos des acquittés, juger en raccourcis douteux les interventions de l’institution judiciaire est une aberration que la loi devra interdire….. Sur trop peu de médias, pour ne pas dire sur aucun média télévisé le dossier fut abordé avec modération, recul et sérénité. Bien sûr cette affaire est un scandale judiciaire sans équivalent. Bien sûr les acquittés furent des victimes broyées par l’évident pouvoir aveugle de la justice, pour autant, les députés mènent sur ce dossier un travail long et difficile. A voir les journalistes ne s’intéresser qu’à une bribe de ce dossier, les voir s’étonner même du manque de sensationnel de l’audition du juge Burgaud est symptomatique du manque de réflexion de nombre de nos médias. Dans les échanges avec la population quelques jours avant l’audition j’avais indiqué que probablement cet épisode n’apporterait rien, le juge ayant déjà indiqué qu’il ne fallait pas compter sur lui pour des excuses, on pouvait aisément deviner que nous aurions face à face des députés respectueux au début de l’audition, puis poussés à réagir plus énergiquement afin de provoquer une réaction dans un discours « froid » et structuré d’un « technicien de la justice »  Quid aujourd’hui de la suite du travail de la commission dans les grands médias ? Quelques minutes dans les jours qui suivirent, puis quelques secondes, puis plus rien, ou si peu… 

 

Du travail de nos députés on peut déjà retenir qu’il est urgent de légiférer ou d’organiser notre système afin que ce type de procédure publique soit retranscris de façon professionnelle, avec une vue d’ensemble, montrant ainsi le sérieux du travail de nos parlementaires, et dans ce cas précis cela aurait pu permettre de montrer des magistrats, autre que Monsieur Burgaud, prêts à reconnaître des dysfonctionnements, même parfois des erreurs, mais en tout cas volontaires à faire évoluer le système. 

 

Ensuite bien sûr vint la grippe aviaire. Quelle aubaine pour les chercheurs de sensations… J’ai cru naïvement au début de l’apparition du virus en Europe que les journalistes spécialisés dans la science ou la médecine traiteraient en priorité le dossier, espoir déçu rapidement…  

 

A constater l’urgence du traitement de l’information, nous faisant vivre pratiquement en direct la mort du premier canard venu, à écouter la répétition lancinante des informations franco-française à ces sujets, j’ai cru à une épidémie terrible, causant sans doute des milliers voire des millions de morts dans le monde. Et bien non, l’usine médiatique s’est emballée sur un sujet certes inquiétant, dont le sérieux n’échappe pas aux institutions, mais qui depuis 1997 n’a causé « que » 93 décès dans le monde. Certes 93 s’est déjà trop. Les restrictions sanitaires sont utiles afin, d’abord d’éviter tout cas humain et ensuite de préserver la filière avicole. Cependant une telle précipitation, un tel amoncellement sans hiérarchie de l’image des informations, montrant des oiseaux morts sur un plan et des stocks de Tamiflu sur le suivant, reprendre et accentuer la décision d’un élu de la République d’interdire le poulet à grand renfort de gros titres, tout cela renforce, alimente, donne de la teneur à la psychose ambiante… A propose de ce Maire, je dirais que, personnellement, en tant qu’élu local je n’ai pas reçu de formation particulière dans la prévention des épidémies et autre catastrophe sanitaire. Je suppose donc que mon éminent collègue a quant à lui dû suivre un stage de médecine accéléré afin de posséder toutes les compétences dans ce domaine. A moins qu’il s’agisse juste de céder à « l’amicale » pression de ses électeurs affolés par le tourbillon médiatique, mais je ne peux pas y croire…   

 

Car rappelons le, il ne s’agit même pas de parler de cuisson du poulet, (on le sait le virus meurt à 70 °), ce virus n’est pas transmissible par ingestion. Si vous mangiez une volaille infectée vous ne seriez pas contaminé. Ce virus est un virus pulmonaire, transmissible donc par la respiration en contact avec un animal malade. Voila la vérité de l’OMS, des chercheurs Français et du monde entier.  

 

Du calme donc, de la pondération, suivons les recommandations officielles sans laxisme mais sans peurs excessives…. Et vive le poulet !!!  

Publié dans DEBATS

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
P
Jacques Diouf, directeur général de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), s'est exprimé dans une interview publiée lundi dans le quotidien Libération.<br /> <br /> Cergy-2008
Répondre